- TAHMASP Ier
- TAHMASP IerTAHM SP Ier (1514-1576)Second souverain de la dynastie séfévide, Tahm sp Ier régna sur la Perse de 1524 à 1576. Fils aîné de Sh h Esm ‘il Ier, il n’était âgé que de dix ans lors de son accession au trône. Toutes les sources indiquent que les émirs qizilbash assurèrent le contrôle de l’État de 1523 à 1533; à une période de luttes fratricides entre clans qizilbash fit suite l’hégémonie des Takkalu (1527-1530), puis celle des Sh mlu (1531-1533). Pendant les quarante années suivantes, Tahm sp parvint à contrôler plus ou moins ces turbulents émirs; mais lorsqu’il fut affaibli par la maladie, à partir de 1572, la sédition reprit. Cependant la situation n’était plus la même. Alors que, sous le couvert de luttes dynastiques, des factions qizilbash rivales utilisaient des princes séfévides, souvent agents involontaires de rébellions, la véritable question était de savoir si la vieille aristocratie militaire qizilbash allait conserver la suprématie face aux nouveaux éléments résultant des conquêtes: les Géorgiens et les Circassiens.Face à ses voisins sunnites, Ottomans et Ouzbeks, la Perse eut peu de répit durant ce demi-siècle de règne. Le Khor s n fut âprement disputé aux Ouzbeks et certaines villes comme Meched et surtout Hérat souffrirent terriblement de ces conquêtes successives qui s’accompagnaient tour à tour de persécutions de sh 稜’ites ou de sunnites. D’abord sauvé d’une invasion ottomane par un hiver prématuré en Azerbaïdjan (événement attribué par le pieux Tahm sp à la grâce divine et aux em ms), l’Iran occidental fut envahi par Soliman le Magnifique (1520-1566) qui s’empara de Tabriz et de Bagdad en 1534. Les attaques ottomanes menacèrent le cœur même de l’Iran en 1546-1548, alors que Alq s, le propre frère de Tahm sp, s’était allié aux Turcs. Brouillé ultérieurement avec ses alliés, Alq s sera capturé et mis à mort. Après une quatrième campagne ottomane en Azerbaïdjan en 1554, un armistice est signé entre la Turquie et la Perse; l’année suivante, Tahm sp négocie la paix d’Amasya qui inaugure une période de plus de trente années de paix avec les Ottomans, puis il transfère sa capitale de Tabriz à Qazvin.En 1556, le prince Bayazid, fils de Soliman le Magnifique, se révolte à la suite d’une intrigue courtisane puis se réfugie à la cour de Tahm sp (en 1560). Après deux ans de négociations, Tahm sp le laisse mettre à mort (il désirait conserver la paix et aurait reçu une forte indemnité du sultan ottoman). Relativement mieux connue est la réception accordée à l’empereur moghol Hom yun que la réaction de chefs afghans obligea à délaisser son trône pendant quinze ans (1540-1555) et à chercher temporairement asile à la cour de Perse. Bien que des réjouissances royales données en son honneur soient représentées sur une fresque du fameux palais de Tchehel Sutun à Ispahan, Hom yun fut l’objet de toutes sortes de pressions pour le faire adhérer au sh 稜’isme, promulgué religion d’État. Désormais, l’étude et la propagation du sh 稜’isme im mite duodécimain seront de plus en plus confiées à des théologiens im mites arabes originaires du Djabal ‘Amil et de Bahreyn.Bien que les voyageurs européens nous aient laissé des descriptions de Tahm sp, tant au physique qu’au moral, sa véritable personnalité demeure assez énigmatique. L’accent est mis sur son avarice, sur son alternance entre des périodes d’extrême ascétisme et d’intempérance, sur son caractère mélancolique (il passa la plupart de ses dernières années dans la réclusion), et sur certains accès de cruauté. Cependant, le fait qu’il ait réussi avec des forces très inférieures en nombre à sauver l’existence même de l’État séfévide face à des adversaires puissants décidés à le détruire, et qu’il ait pu surmonter dans le même temps le factionalisme intérieur et la défection de très nombreux Qizilbash passés aux Ottomans et aux Ouzbeks, montre amplement qu’il n’était pas dépourvu de courage ni d’esprit d’initiative. Obligé de pratiquer une stratégie défensive contre les Ottomans, il entreprit des expéditions en Géorgie (à partir de 1540), d’où il allait ramener de nombreux captifs, qui devaient constituer une future élite militaire, ainsi que des captives dont certaines devinrent des épouses royales qui jouèrent un rôle politique important.À la mort de Tahm sp, des factions qizilbash, géorgienne et circassienne voulurent mettre sur le trône des princes rivaux. Ce sera finalement Esm ‘il II (1576-1577) qui l’emportera et pratiquera une politique d’élimination systématique de tout concurrent possible au trône et tentera de restaurer le sunnisme. Ce n’est que Sh h ‘Abb s Ier (1588-1629) qui, par une politique habile, trouvera une solution «ottomane» aux problèmes séfévides.
Encyclopédie Universelle. 2012.